Avoir un plan mais savoir en sortir

Avoir un plan est à mon sens quelque chose de nécéssaire pour un sportif de haut niveau. « Je souhaite aller là, et voici comment je vais m’y prendre pour y arriver. » Je pense qu’il n’y a pas une formule à suivre pour planifier, mais plutôt une foule de possibilités et c’est au sportif de voir ce qui s’adapte le mieux à lui. Cela peut être un plan général pour atteindre un grand objectif, cela peut-être des plans à court terme pour décomposer l’atteinte de l’objectif, ou encore des plans par catégories (domaine technique, tactique, physique, mental). L’idée est de se donner une direction, une impulsion et de se mettre en marche.

Moi-même, j’ai un plan d’accompagnement pour les sportifs. Mais la subtilité, c’est que je sais en sortir lorsque cela est nécessaire. Je sais m’adapter à la réalité du joueur, et laisser mon plan de côté, temporairement (ou plus longtemps), pour y revenir au moment opportun. Et c’est là où il faut maîtriser son ego, et se souvenir du vrai objectif, en l’occurrence aider le sportif à utiliser sa force mentale avec une grande efficacité. Pour cela, il n’y a pas de discussion, il faut sentir de quoi le sportif a vraiment besoin, et si cela ne correspond pas aujourd’hui au plan dans lequel on croit, alors il faut oublier ce plan et trouver une autre façon de faire. 

La recherche de ce délicat équilibre entre suivre sa conviction et s’adapter au réel, comme pour beaucoup de choses dans la vie, est importante. Car cette quête nous permet de continuer à suivre la bonne route. Il s’agit simultanément d’avoir foi dans son plan car on a pris le temps de bien y réfléchir, et de se faire confiance sur la planification, mais aussi d’être capable de le mettre sur pause car la situation l’exige. En fait il s’agit de faire preuve de capacité d’adaptation, sans jeter ses bases aux orties au moindre vent contraire. 

De plus, se réajuster n’est pas tout remettre en question. Il s’agit d’être surtout intelligent pour apporter des retouches qui permettent de bonifier le plan. Nous prenons toujours le même chemin, mais pensons qu’il peut être pertinent de rajouter une étape pour pouvoir arriver avec plus de force au point de rendez-vous.

Je pense donc qu’une des plus grandes forces mentales qu’un joueur peut avoir, mais aussi qu’un préparateur mental peut avoir, c’est de faire preuve de souplesse et d’adaptabilité, et de se doter d’une grande boîte à outils dans laquelle piocher les éléments dont il a besoin dans la période actuelle. Il ne s’agit pas de blanc ou de noir, mais d’une palette de couleurs à utiliser. J’ai mon plan, je le suis, très bien. J’ai le sentiment que je dois apporter des modifications à ce moment de mon développement, très bien, j’apporte des modifications, et je continue mon chemin… Et c’est ainsi, à mon sens, que la confiance se développe et que l’on avance vers de bonnes satisfactions.